Camille Virot

Matières vives, mélanges exogènes, horizons cachés

9 novembre 2024  –  5 janvier 2025

Pour cette quatrième exposition personnelle à la Galerie de l’Ancienne Poste, Camille Virot nous convie à découvrir ou redécouvrir son univers, son cheminement à travers des œuvres diverses, tels des cailloux semés sur le chemin d’une vie artistique : Bols, Boîtes, Maisons, Têtes, Agraires… témoignent de ce que l’un des plus grands céramistes français nomme lui-même  « cette logique constante de recyclage, recyclage d’idées, de formes, de matériaux… ». 
L’exposition à Toucy présente ainsi un ensemble de pièces représentatives du travail des dix dernières années, regroupant la plupart des grands « thèmes » qui traversent l’œuvre de l’artiste depuis ses commencements, dans les années 1970.
Les Bols semblent constituer chez Camille Virot une pratique de base, fondamentale. Les Bols-genèse, sont  pris dans leur gangue de terre, tessons, béton, cailloux, matière brute et informe. Ce sont les déclinaisons poétiques et puissamment plastiques d’un modèle originel : « c’est l’idée du bol premier, ce creux de rocher où l’eau se recueille ».
Les Boîtes ne sont pas moins abondantes ni moins riches d’invention. Leur structure bi ou tripartite (le récipient, le couvercle, et parfois le « caillou » qui le scelle) autorise des variations, des articulations, des déclinaisons variées à l’infini.
Les Maisons, les Têtes, sont aussi des contenants. Elles aussi travaillent des archétypes majeurs renvoyant au monde des origines. C’est également le cas des Agraires, qui évoquent « les dabas et herminettes africaines », outils agricoles ancestraux, et illustrent les liens forts et inspirants unissant Camille Virot à l’Afrique.
Au total, l’exposition regroupe trente-quatre œuvres, toutes présentées pour la première fois au public.

Camille Virot catalogue de l’exposition

Cette nouvelle exposition de Camille Virot présente un ensemble de pièces représentatives de son travail des dix dernières années, regroupant la plupart des grands « thèmes » qui traversent son œuvre depuis ses commencements, dans les années 1970 : Bols, Boîtes, Maisons, Têtes, Agraires…, et témoignant ainsi de ce qu’il nomme lui-même « cette logique constante de recyclage, recyclage d’idées, de formes, de matériaux… ». Le recyclage, pratique courante dans la dynamique d’un atelier de potier, revêt ici valeur de processus et de geste esthétiques.[…]
Un mot, ici, sur la condition du céramiste contemporain. Elle nous paraît bien difficile. Car, s’il veut faire oeuvre, il doit se démarquer drastiquement des courants où sa discipline s’enlise en prospérant, le diktat du joli et de la « déco », l’esthétique du raku banalisée et appauvrie à travers ses avatars commerciaux. Les notions de tradition et d’authenticité sont elles-mêmes sujettes à caution, car bien souvent réduites à des arguments de vente. Et, si la vérité est d’abord celle du matériau, la matière peut vite devenir une affaire d’effets, une rusticité de bon ton garante d’« authenticité ». Le « bon goût » contamine tout. D’où l’absolue nécessité de réinventer les pratiques, forcer le métier, creuser l’écart, cultiver l’abîme. Ce que fait, il me semble, Camille Virot.


Manuel Jover
Journaliste, critique d’art,
Extrait du catalogue de l’exposition