Agathe Larpent
« Couleurs Profondes »
Exposition du 4 mai au 6 juin 2013
« Etrangement, j’ai pour nom « l’arpent », cette unité de mesure de la terre ! Mon nom suffirait presque à situer mon ancrage. »
Originaire de Paris, Agathe Larpent fut davantage une habituée des squares que de la campagne, mais elle a toujours été farouchement attirée par la terre. Elle se souvient être allée, enfant, à Crépy-en-Vallois, près de Bonneuil (Oise) chez des amis de ses parents où un chemin de terre rouge menait à une briqueterie et à son four tunnel. Ces images ont-elles été décisives ?
Quelques décennies plus tard, Agathe Larpent est une céramiste plasticienne de renommée internationale. Elle a choisi de travailler dans les Alpes de Haute-Provence et ce cadre de vie inspire fortement son œuvre. Parler de démarche plastique n’est pas ici un vain mot : la terre est métamorphosée, les matières et les couleurs mêlées dans le seul but d’interpeller le sensible.
Les œuvres présentées – creusets et bas-reliefs – la plupart spécialement créées pour cette exposition personnelle à la Galerie de l’Ancienne Poste, s’inscrivent dans la continuité de l’installation conçue à l’été 2012 au Prieuré de Salagon (Alpes de Haute-Provence).
Agathe Larpent est présente dans les collections des plus grands musées et au Fonds National d’Art Contemporain.
Entre les mains d’Agathe Larpent, la terre est couleur. On quitte temporairement les blancs écumeux et les céladons pour les couleurs fortes et complémentaires que sont les rouges et les verts. Puissants, sombres, uniques et fruits d’une curieuse alchimie, Creusets et Reliefs, en grès et en porcelaine, accrochent la lumière, parlent des profondeurs et du ciel.
Les Reliefs aux acanthes font écho aux jardins médiévaux, au jardin ethno-botanique de l’Abbaye de Salagon. Moulée vivante, la fleur s’enroule et dessine un motif liant le végétal au minéral.
Les premiers Creusets d’Agathe remontent à l’an 2000 et à son exposition au Musée Ziem de Martigues. Leur matière est épaisse, fendue et lamellée, à la limite de la rupture. Ils sondent la minéralité et forment un lien symbolique entre l’intemporel et le construit. Ils sont ces roches, creusées par le temps, qui recueillent l’eau de pluie et où se mire le ciel. L’eau lustrale où bougent les chevelures d’ondines vertes jusqu’aux lèvres supérieures de la conque ombreuse (Julien Gracq).Ils sont le cœur, le cloître et la fontaine, des monastères romans qui furent ses récents lieux d’exposition (Boscodon en 2011 et Salagon en 2012). L’eau et la lumière offrent à ces pierres de terre un paysage spirituel, verdoyant et moussu pour certaines, sanguin et profondément humain pour d’autres.
Stéphanie Le Follic-Hadida
Docteur en Histoire de l’Art