Nadia Pasquer
« Galaxie »
Du 7 septembre au 7 novembre 2013
L’œuvre de Nadia Pasquer s’est réellement élaborée à partir de 1990 lorsque son propos s’est orienté vers la terre cuite enfumée et les formes abstraites dont la maîtrise et la spécificité feront la renommée de l’artiste.
Les volumes présentés sont le résultat d’une déclinaison intuitive des cinq corps platoniciens – les « solides parfaits » que sont le tétraèdre, le cube, l’octaèdre, le dodécaèdre, l’icosaèdre. Sans base ni sens, ils sont posés sur un point d’équilibre portant en eux leur centre et leur mouvement.
Chaque objet est unique. L’ensemble forme une unité.
Polis, gravés, perforés pour y inscrire une cartographie céleste, les éléments sculptés sont nommés par l’artiste « polyèdres étoilés » car pour l’artiste, citant Gaston Bachelard dans « La terre et les rêveries de la volonté», ces deux mots contiennent “ la synthèse des images de la terre profonde et les images du ciel étoilé ; étonnante synthèse de la rêverie constellante et de la rêverie cristalline”.
Enfumés, les volumes sont d’un noir brillant à la fois capteur et émetteur de lumière – objets supports de contemplation.
Laissés dans leur blancheur, ils dessinent l’ombre et la lumière en contraste doux ou extrême.
Exposées sur les grandes places de l’art contemporain que sont en particulier New York, Miami et Bâle, les œuvres de Nadia Pasquer bénéficient aujourd’hui d’une reconnaissance internationale.
Présentée pour la première fois à la galerie, l’œuvre de Nadia Pasquer occupe une place unique sur la scène de la céramique contemporaine. D’une perfection absolue, d’un toucher émotionnel incomparable, ses polyèdres évoquant les corps célestes et les constellations naissent aux confins de territoires différents autant physiques et sensoriels que mentaux, questionnant la tension entre le proche et le lointain. Dans ces objets à la taille de la main (et ce n’est pas un hasard), il est en effet question de l’intime et de l’espace, de géométrie et de sensualité, de singularité et d’universalité.
La grande force de ces pièces, leur évidence, tient au fait que les techniques les plus anciennes et les plus simples, modelage et polissage de la terre, les plus céramiques aussi, président à l’évocation de formes poétiques qui, au-delà du domaine de la céramique, résonnent dans notre imaginaire collectif. On peut même y trouver l’écho d’autres figures comme celles de l’origami dont on néglige en général la dimension spirituelle. Ni fonctionnels ni décoratifs, ces « cailloux de l’espace » sont plutôt des objets de méditation, comme des météorites ayant traversé les siècles de distance qui nous séparent de Luca Paccioli et ses figures de la Divine proportion ou d’Albrecht Dürer et le polyèdre de saMelencholia.Ils interrogeaient alors les liens de l’art et de la science et le mystère de l’univers.Carole Andréani
Journaliste et critique d’art,
juillet 2013.