Exposition Claire Debril
Gisèle Buthod-Garçon
Exposition du 8 novembre 2008 au 8 janvier 2009
Deux approches du volume et de la forme
L’exposition de sculptures céramiques de fin d’année 2008 à la Galerie de l’Ancienne Poste réunit pour la première fois Claire Debril et Gisèle Buthod-Garçon, deux céramistes à la fois proches et très différentes. Modelage ténu au colombin, engobes et émaux travaillés en épaisseurs pour la première, travail à la plaque et enfumage pour la seconde, ces céramiques sont travaillées à l’instinct, avec un métier très sûr, à chaque instant remis en question .
Claire Debril
Claire Debril développe des volumes pleins dissymétriques à la fois sensibles et stricts qui se sont adoucis avec le temps, leurs lignes acquérant par endroits et comme par surprise de très légers renflements engendrant un mouvement subtil. Elle travaille avec des moyens non limités, deux ou trois terres, six émaux travaillés en superposition au pinceau qui fait vibrer les surfaces colorées de rouges, d’ocres et de vert et en démultiplie ainsi les textures. Une de ses grandes pièces grise est uniquement engobée d’une terre grise piquetée de noire. Une matière dense, close et poudrée. L’exposition présente aussi quelques pièces totalement nouvelles et largement ouvertes, de forme aléatoire mais non hasardeuse aux parois rectilignes associant souvent le noir et une couleur.
Giséle Buthod-Garçon
Les pièces de Gisèle Buthod-Garçon ont des rondeurs mouvantes et des surfaces grisées de lumière au jus d’argent ou mates. Un travail poursuivi depuis six ou sept ans qui se complète de deux grandes amandes constituées d’une superposition de feuilles de terres repoussées dont elles s’enveloppent comme de vêtements. Une dernière pièce offre la plénitude d’une forme corporelle craquelée (« rien de plus que ce que propose la terre quand je la travaille » souligne la céramiste ).
Toutes ces œuvres (une trentaine en tout) témoignent, chacune pour leur part, d’une même recherche esthétique de la forme, du volume spatial et de la texture, d’une abstraction faite chair refusant la séduction, bien malmenée aujourd’hui dans l’art contemporain qui tourne le dos à l’abstraction depuis des années. Pourtant, il n’y a pas d’entreprise artistique plus ambitieuse (et constamment moderne en dépit de son universalité ancienne) que de vouloir se situer au niveau du monde physique en y imprimant sa vision subjective, et ainsi de rivaliser avec lui. Il est toujours étonnant de constater la diversité et l’infinité des formes possibles révélées par le désir de « réussir une belle ligne » pour reprendre l’expression de Gisèle Buthod-Garçon.
Les pièces des deux céramistes se terminent par une petite ouverture – parfois juste une fente chez Claire Debril- élément qui n’est pas un souvenir des pots, ce qui en resterait une fois le pot refermé, mais qui permet la « respiration intérieure » de la pièce, le passage du souffle qui en fait des œuvres « vivantes ».
Carole Andréani, in « Revue de la Céramique et du Verre » – N° 163 novembre-décembre 2008. Lire article