1997-2007. Les 10 ans de la Galerie
Gisèle Buthod-Garçon, Hervé Rousseau, Nathalie Pierlot
Exposition du Samedi 9 juin au jeudi 12 juillet 2007
Troisième temps du cycle exceptionnel marquant le dixième anniversaire de la Galerie de l’Ancienne Poste, et selon le format retenu de deux invités accompagnés d’un membre permanent de la galerie, l’exposition de ce début d’été 2007 rassemble trois univers artistiques à priori aux antipodes dans leur démarche spécifique et dont l’association apparaît pourtant ici très pertinente.
Gisèle Buthod-Garçon
Présentée pour la première fois à Toucy en 2004, l’oeuvre de Gisèle Buthod-Garçon est caractérisée par une maîtrise des volumes qui ne doivent pas occuper l’espace mais l’habiter. La céramiste galeriste Martine Cazin évoque superbement la quête de l’artiste :
« Ce fut une des premières potières à créer en cuisson Raku, le feu est son complice. Tournées, montées à la plaque ou modelées, ses pièces sont amples et sereines. Leur fonction s’est peu à peu esquivée au profit de formes sculpturales, lisses et hiératiques. Les ors chaleureux ont fait place à une autre lumière plus diffuse, plus intérieure. C’est la force sous la tendresse d’émaux somptueux. C’est construit et sensible, solide et doux à la fois. Les formes simples vibrent de gris ombragés, de blancs soyeux, nacrés, d’éclats de lune d’argent ».
Hervé Rousseau
« Céramiste sculpteur né à Paris en 1955, Hervé Rousseau fait parler la terre. Il nous révèle l’énergie, la force qui circulent sous nos pieds. Le tournage est rustique, il creuse, plonge sa main dans la terre humide. Le bras dans la matrice du monde tire la vie à l’air libre pour qu’elle se perpétue. L’artiste Rousseau est un paysan accoucheur. D’ailleurs il travaille dans une ancienne étable. Depuis longtemps il a trouvé ses notes, comme Miles Davis qui parmi plein de notes choisissait les plus belles. Hervé utilise une terre du Beauvaisis qui prend bien le feu dans son four japonais et le geste premier, hérité de la gestuelle africaine du colombin vissé, étiré dans la force tranquille d’une charrue labourant la terre. Semblable au paysan, il ne repasse pas. Le sillon est sur le pot. Rien n’est masqué, ni caché pour obtenir un effet séducteur. Là dedans il y a de la vie, le vivant de la vie. La trace de la main sur ces objets silencieux parle au-delà des mots. » (Bernard David).
Nathalie Pierlot
Face à ces deux « géants » de la céramique, Nathalie Pierlot assure une présence remarquée. Membre fondateur de la galerie en 1997 et exposant ses créations à Toucy depuis lors, les habitués du lieu ont pu mesurer le chemin parcouru par cette artiste dont l’oeuvre s’est affirmée année après année. Pour cette exposition, l’audace de ses émaux sombres alliés à la terre chamottée retient l’attention. Nathalie Pierlot apporte une personnalisation à la tradition de la poterie de grès poyaudine. Inscrite dans le grand mouvement de renouveau de la pratique céramique, inauguré par Carriès, elle poursuit cette tradition saint-amandinoise transmise par sa mère Jeanne Pierlot, en axant ses propres recherches sur la pureté des volumes et la délicatesse des nuances colorées, mates, issues d’oxydes naturels. Elle utilise des émaux de cendres et des terres locales. Les matières sont légères et douces, même en superposition. Ses objets puisent également leur force dans l’évidence d’un usage aisé.