Océane Madelaine
3 juillet – 2 septembre 2021.
Vernissage le dimanche 4 juillet à partir de 11h en présence de l’artiste.
Présentée une première fois en 2014 à la galerie aux côtés d’Alistair Danhieux, la céramiste française revient pour une exposition solo qui témoigne de la suite d’un parcours sans faute où l’écriture et le contenant sont subtilement liés.
Océane Madelaine développe un travail en grès et porcelaine-papier qu’elle grave et décore aux engobes et jus d’oxydes. Certaines formes sont privilégiées, comme le bol, la bouteille ou la jarre. La rencontre avec les céramistes Armand Tatéossian, Maria Bosch ou Agathe Larpent a joué un rôle déterminant dans son parcours. De même, les peintures pariétales de la préhistoire, l’expressionnisme abstrait de Cy Twombly ou des œuvres plus graphiques comme celle de Pierrette Bloch ont marqué son approche de la ligne et de la couleur. Alors chaque pot devient une paroi où saisir et inscrire furtivement des traces : un trait tremblé, une tache de couleur aquarellée, un fragment d’écriture ou de paysage. Autant de souvenirs d’une présence retenue et restituée dans la matière.
Océane, tu as quitté le soleil des Corbières pour t’installer au bout de la terre, en Finistère. Par les baies vitrées, le Conquet au sud, Molène et Ouessant à l’ouest, au bout de la table. Par-delà la fenêtre de l’atelier, y’a l’Amérique, son rêve de liberté, ou simplement le souffle d’être soi-même. La navette Penn Ar Bed sur la mer d’Iroise assure la liaison avec Ouessant, une tache blanche en mouvement. Ce blanc mat que tu poursuis depuis tes débuts en céramique. La matité du calcaire, le blanc des voiles, des coquillages usés jonchant le sable, des os de seiche vidés de leur encre. Alors le bol, la vasque, la bouteille, la boîte. Des contenants accueillant une écriture d’avant l’écriture, des points, des taches, autant de notes de musique ou de portées d’hirondelles. Des esquifs fragiles où se reflètent le bleu, le vert, le gris de la mer, le « glazig » – mot breton qui tente de définir les couleurs changeantes de l’océan, les strates de lumière qu’il englobe. Toi, tu engobes ces reflets, ces tremblements de lumière délavée. Tu chéris la délicatesse farouche.
Bernard David.